À l’heure où les héritages des Lumières sont à la fois célébrés et contestés, comment suivre les débats intellectuels actuels qui agitent la Sorbonne ? Cet article explore les controverses académiques et les nouvelles perspectives critiques sur l’Aufklärung, au croisement de la recherche scientifique et des enjeux contemporains. Enquête sur les colloques, les travaux universitaires et les tensions idéologiques qui redéfinissent la pensée européenne à l’université Paris.
Sommaire
Les débats contemporains autour des Lumières à la Sorbonne
Les Lumières, objet de réflexions permanentes, inspirent des colloques et cours à la Sorbonne. Leur universalisme et contradictions structurent des débats vivants entre chercheurs.
Leur héritage divise entre impérialisme culturel et émancipation. La Révolution haïtienne illustre cette tension, souvent occultée par les récits dominants.
Antoine Lilti explore cet héritage normatif. Son cours “L’universalisme des Lumières” questionne ses interprétations multiples, entre idéal et critique.
| Nom du colloque | Dates et lieu | Thèmes principaux |
|---|---|---|
| L’« Aufklärung » après l’« Aufklärung » : débats et réappropriations | 27-28 mars 2025 Campus Pierre et Marie Curie (27 mars) et Sorbonne (salle D306) (28 mars) | Construction de la notion d’Aufklärung aux XIXe et XXe siècles, enjeux idéologiques et politiques, rapport aux Lumières françaises et à la Révolution, approche interdisciplinaire |
| Les libertés dans l’Europe des Lumières | 16-18 novembre 2023 Sorbonne et Maison de la Recherche | Relativité de la notion de liberté au XVIIIe siècle, prise en compte de l’expansion de l’esclavage et de la limitation des droits des femmes, prises de position des philosophes des Lumières sur la colonisation et l’assujettissement des populations |
| Resémantisations interculturelles | 27 mars 2025 Campus Pierre et Marie Curie | L’Aufklärung phagocytée par le modèle des Encyclopédistes, approche comparative entre différents courants des Lumières européennes |
| Comment les Lumières vinrent aux Écossais | 27 mars 2025 Campus Pierre et Marie Curie | La fabrique du Scottish Enlightenment au XXe siècle, réception et réinterprétation des idéaux des Lumières en Écosse |
| Die Aufklärung im Frühwerk Ernst Troeltschs | 28 mars 2025 Sorbonne (salle D306) | Approfondissement des rapports entre religion et Aufklärung, débats sur la rationalité dans les théologies protestantes allemandes |
| Tradition versus Reflexion – Die Kontroverse über den Status der Aufklärung: Gadamer et Habermas | 28 mars 2025 Sorbonne (salle D306) | Dialogue entre philosophie herméneutique (Gadamer) et théorie critique (Habermas) sur la validité des principes des Lumières |
| Aufklärungsdiskurs und China? | 28 mars 2025 Sorbonne (salle D306) | Interaction entre pensée des Lumières allemandes et philosophie chinoise, réflexion sur les limites géographiques et culturelles de l’Aufklärung |
| Liberté et servitude des femmes | 17 novembre 2023 Sorbonne | “L’homme est né libre”. Et la femme ? Sur Émile et Sophie ou les solitaires |
| Théorie des droits de l’homme et abolitionnisme | 16 novembre 2023 Sorbonne | La théorie de l’esclavage au livre XV de L’Esprit des lois de Montesquieu Universalisme des droits de l’homme et abolitionnisme chez Condorcet |
L’association “Débattre en Sorbonne” anime les grands événements académiques de l’année. L’engagement étudiant reste central pour ces débats, malgré la faible visibilité actuelle de l’organisation.
Victor Cousin a réduit la philosophie des Lumières à la psychologie au XIXe siècle. Les conférences ouvertes au public permettent une diffusion plus large des débats.
Rousseau condamnait le progrès technique sans amélioration collective. Antoine Lilti et Christophe Martin explorent ces héritages contradictoires à la Sorbonne.
Le Pôle « Europe des Lumières » intègre les théories postcoloniales. Il analyse la généalogie des droits de l’homme en tenant compte de la colonisation.
La construction contemporaine de la notion d’Aufklärung en débat
À la Sorbonne, les historiens revisitent la notion d’Aufklärung. Des colloques explorent sa construction au XIXe et XXe siècles, questionnant ses enjeux idéologiques et politiques.
Les débats opposent les spécificités allemandes aux Lumières françaises. Les collaborations internationales enrichissent cette réflexion comparative, croisant approches disciplinaires et perspectives historiographiques.
Le colloque “L’« Aufklärung » après l’« Aufklärung »” analyse son rapport à la Révolution. Olivier Agard et Jean-François Dunyach interrogent cette relation dans une perspective interdisciplinaire.
- Approche interdisciplinaire : Le colloque de Sorbonne Université croise disciplines historiques, philosophiques et littéraires pour reconsidérer les cadres d’analyse traditionnels de l’Aufklärung.
- Comparaison historiographique : Les chercheurs interrogent les liens entre Lumières françaises, écossaises et allemandes, remettant en cause les catégories nationales fixes.
- Débat sur les “mythologèmes” : Analyse critique des récits fondateurs autour de l’Aufklärung, explorant ses dimensions symboliques et narratives.
- Confrontation Gadamer/Habermas : Opposition entre vision traditionnelle (Gadamer) et projet émancipateur inachevé (Habermas) dans l’héritage conceptuel.
Les temporalités de l’Aufklärung suscitent des discussions. Certains chercheurs la situent dans une longue durée, d’autres en limitent l’apogée au XVIIIe siècle.
Les cultural studies redéfinissent l’analyse de l’Aufklärung. Elles interrogent ses réceptions multiples et son inscription dans des contextes culturels variés.
La géographie intellectuelle de l’Aufklärung se révèle multiple. Des centres comme Halle, Leipzig ou Königsberg montrent sa diversité interne et transnationale.
La généalogie du concept reste contestée. Des penseurs comme Horkheimer et Israel proposent des lectures divergentes, entre critique radicale et réhabilitation normative.
Les enjeux idéologiques et politiques contemporains de l’Aufklärung
À la Sorbonne, les débats sur l’héritage politique de l’Aufklärung questionnent son rôle dans l’identité européenne. Le colloque de mars 2025 explore ses influences sur les droits de l’homme et la démocratie moderne.
La réappropriation identitaire de l’Aufklärung suscite des tensions. Des intellectuels comme Leo Strauss et Habermas sont cités, illustrant des lectures divergentes entre universalisme et particularisme dans les cercles universitaires.
L’article 10 de la Déclaration de 1789 incarne la laïcité héritée des Lumières. Henri Peña-Ruiz et Jean-François Colosimo analysent cette transition vers la séparation des Églises et de l’État.
La raison de l’Aufklärung est critiquée pour son rationalisme excessif. Horkheimer et Adorno dénoncent une dégénérescence en “mystification des masses”, remettant en cause son projet émancipateur.
L’ambiguïté des Lumières face au colonialisme est analysée. Tocqueville et Schoelcher illustrent cette contradiction entre idéaux universalistes et justifications de la domination européenne.
La “Journée d’étude” de mars 2025 aborde la crise démocratique actuelle. Les principes des Lumières sont revisités pour éclairer les défis contemporains de la représentation politique.
Le projet émancipateur de Kant reste pertinent, mais incomplet. Les préjugés et inégalités persistent, rendant la sortie de “tutelle” un processus lent et complexe selon les chercheurs.
Les débats à la Sorbonne explorent ces tensions via des re-sémantisations. La “Dialectique de la Raison” d’Horkheimer et Adorno interroge l’ambivalence de l’Aufklärung dans la modernité.
La réception contemporaine des différentes formes de Lumières
Les Lumières françaises suscitent des réévaluations critiques. Adorno et Horkheimer dénoncent leur rationalisme comme source de totalitarisme, tandis qu’Edward Saïd les lie à la domination coloniale dans ses analyses postcoloniales.
Le Scottish Enlightenment connaît un regain d’intérêt. Une journée d’études à la Sorbonne en 2010 a analysé sa spécificité, avec des chercheurs comme Jean-François Dunyach et Ann Thomson explorant sa réception intellectuelle.
À la Sorbonne, les débats contemporains autour des Lumières, les tensions entre universalisme et particularisme, et les héritages coloniaux structurent une pensée critique vive. Suivre les colloques et l’association « Débattre en Sorbonne » permet d’appréhender ces enjeux. Ces dialogues ne sont pas anecdotiques : en questionnant le passé, ils éclairent les défis européens à venir.
FAQ
Comment assister aux débats Sorbonne ?
Actuellement, les recherches web ne fournissent pas d’informations précises sur la manière d’assister aux débats organisés par l’association étudiante “Débattre en Sorbonne”. Le site web mentionné est un site WordPress basique affichant un message générique, et ne contient aucune information sur les événements ou leurs modalités d’accès.
De même, le lien Instagram associé ne permet pas d’accéder au contenu public de la page. Il n’est donc, en l’état des informations disponibles, pas possible de déterminer comment assister aux débats de “Débattre en Sorbonne”.
Quels sont les résultats des débats ?
Les débats menés par le Pôle Débat de la Sorbonne ont abouti à des résultats concrets, notamment pour l’équipe de Paris 1. Cette dernière a brillamment atteint les demi-finales à plusieurs reprises lors du concours de la French Debating Association, la principale compétition anglophone en France dont la finale se tient à l’Assemblée Nationale.
Au-delà de cette performance majeure, les étudiants participent également à de nombreux tournois en France et à l’étranger. Quant aux Cafés-Débats, ils offrent une précieuse occasion de perfectionner l’argumentaire sur des sujets liés à l’ONU et aux relations internationales, favorisant ainsi l’expression libre et interactive.
Qui participe aux débats Sorbonne ?
Les débats organisés par l’association “Débattre en Sorbonne” voient la participation de principalement les étudiants des Universités de la Sorbonne. Cette association est une tribune entièrement gérée par des étudiants, visant à les impliquer dans les affaires nationales, européennes et internationales par le dialogue et la réflexion.
En complément de cette participation étudiante fondamentale, l’association convie également des intervenants externes. Des invités prestigieux prennent part aux conférences d’actualité, et des experts sont conviés aux dîners-débats. Des collaborations avec des ambassades, ministères et autres institutions enrichissent également la diversité des participants.
Quel est le rôle unique de la Sorbonne ?
La Sorbonne incarne un rôle unique, forgé par une histoire séculaire. Depuis le XIIIe siècle, elle est un centre mondialement reconnu d’intelligence, de culture et de science, devenant le symbole emblématique de l’excellence universitaire française. Sa singularité institutionnelle est renforcée par la présence de la Chancellerie des Universités de Paris, qui gère un héritage considérable et supervise les universités parisiennes.
Au-delà de son prestige historique, la Sorbonne demeure un pôle d’excellence académique avec des centres de recherche de pointe et une bibliothèque interuniversitaire d’une richesse inestimable. Plus récemment, avec la Cité de l’Innovation, elle amplifie son rôle en créant un écosystème d’innovation singulier, favorisant les synergies entre la recherche et le monde de l’entreprise, et réinventant ainsi continuellement son service à la société.
